L’impatience de donner naissance
Vous vous impatientez d’arriver à 40 semaines ? Ou vous avez carrément dépassé votre terme ? Ou bien comme moi, vous êtes à 38 semaines et vous en avez ras-le-bol d’être enceinte? Vous n’attendez qu’une chose : faire naitre votre bébé ? Vous êtes à peine à 39-40 semaines et votre gynécologue vous parle de déclenchement mais vous n’en avez pas envie ? Cette pression pour faire naitre les bébés à 40 semaines est-elle vraiment justifiée ?
Tandis qu’en Belgique le terme est calculé à 40 semaines, en France, il l’est à 41 semaines. Or la durée moyenne d’une grossesse pour une primipare (un premier bébé) est de 41 semaines et 3 jours et de 40 semaines et 2 jours pour les suivants…
Enfin, le Collège américain des obstétriciens et gynécologues (ACOG) définit le terme complet d’une grossesse comme étant la période entre 39 et 42 semaines. Malgré cela, beaucoup de praticiens continuent à se baser sur les fameuses 40 semaines de grossesse.
L’insuffisance placentaire après 40 semaines : mythe ou réalité ?
Apparemment, lorsque vous arrivez à 42 semaines, votre placenta arrête de fonctionner et il faut donc provoquer l’accouchement. Ah oui, vraiment ? Essayons de comprendre ce qu’est cette pathologie.
L’insuffisance placentaire
Cette insuffisance placentaire n’est pas un mythe. Elle existe vraiment et peut avoir de graves conséquences pour le bébé. Il s’agit d’un placenta « trop faible » qui n’apporte plus les besoins nécessaires (en oxygène et en nutriment) au bébé pour grandir. Elle se manifeste donc par un retard de croissance prématuré du bébé durant la grossesse. Une surveillance médicale étroite est nécessaire et, parfois, il faut faire naitre le bébé plus tôt.
Mais où est donc l’erreur concernant le dépassement du terme des 40 semaines ?
Cette insuffisance placentaire N’est PAS relative au temps.
Il n’y a pas d’étude scientifique qui prouve que ce risque de dysfonctionnement du placenta augmente une fois le terme dépassé (42 semaines).
Après dépassement du terme, il est donc raisonnable de se dire que, tant que les paramètres médicaux de la mère et du bébé sont bons (peu importe le terme), on devrait pouvoir laisser faire la nature.
Et pour finir, rappelons que les bébés qui dépassent le terme (c.-à-d. qui naissent après 42 semaines de grossesse) sont moins de 3% selon quelques études. Cela montre bien que les chances que le placenta se fatigue après 42 semaines sont très faibles. Souvenez-vous qu’une mère, pour une première grossesse, donne naissance en moyenne à 41 semaines et 3 jours.
Et si accoucher était une histoire de lâcher prise ?
POUR LA MAMAN
Lors de mon dernier rendez-vous chez ma sage-femme pour mon check-up des 38 semaines, mon impatience d’accoucher se ressent très fort. Les fins de grossesse, ce n’est pas ma tasse de thé. Nous rigolons malgré tout de bon cœur. Je lui explique avoir fait une séance d’EFT juste avant pour gérer mon impatience. Je me sens donc bien. Et elle me répond avec un clin d’œil que la maman juste avant moi était proche des 42 semaines. Elle pleurait toutes les larmes de son corps. Je repense donc à ce fameux lâcher prise. Seul mon corps et mon bébé savent quand j’accoucherai…
De nos jours, il n’est pas facile de lâcher prise. Votre gynécologue vous parle déjà, lors de votre check-up des 39 semaines, de déclenchement si vous dépassez le terme de 40 semaines. De plus, il y a beaucoup de peurs autour de l’accouchement. Il vous reste peut-être également des interrogations et des craintes, non pas seulement sur la naissance, mais aussi sur votre postpartum, la maternité, le nouvel équilibre qu’il faudra trouver… Et enfin, pas évident non plus de lâcher prise si vous sentez que votre conjoint n’est pas prêt ou a peur. Il vous demande tout simplement d’attendre encore un peu car il a du travail à terminer.
Ce lâcher prise est donc extrêmement difficile à gérer tant les femmes en fin de grossesse sont mises sous pression pour accoucher une fois les 39-40 semaines passées.
Une abonnée de ma page Facebook, ressentant mon impatience d’accoucher à 38 semaines, m’a gentiment glissé ce commentaire venant de sa grand-mère :
« Quand le fruit est mûr, il tombe seul de l’arbre. »
MERCI pour ce beau partage. Quelle sagesse dans cette phrase…
« Le corps se prépare. Le col prend le temps de se ramollir, peut-être déjà de s’ouvrir. La tête et le cœur devront eux aussi s’ouvrir et se ramollir. » Karine la Sage-Femme
La femme doit prendre le temps de s’ouvrir complètement dans toute sa vulnérabilité. Alors, cultivez cette patience, cette ouverture, votre intuition et surtout cette confiance en votre corps et en votre bébé.
Patience, tous les bébés finissent par naitre…
Quelques trucs et astuces pour gérer l’impatience
Je suis la première à avoir parfois du mal à gérer mon impatience. Déjà, de manière générale, et a fortiori en fin de grossesse ! Mon mari en sait quelque chose !
Alors comment faire pour gérer cette attente qui peut paraître interminable ?
Prenez le temps de préparer votre nid et de prendre soin de vous. Allez vous faire masser. Détendez-vous dans un bain chaud. Marchez dans la nature. Embrassez des arbres.
Préparez votre cocon pour la naissance et pour le postpartum. Lisez ce qui vous inspire, écoutez de la musique calme, faites de la peinture, du dessin, des mandalas… Acceptez, vivez vos émotions et laissez-les aller. N’ayez pas peur de les exprimer. Pleurez si vous voulez pleurer.
Et puis aussi, méditez. Méditez sur la naissance, sur votre rôle de mère. Quelles sont les peurs qui viennent à vous ? D’où viennent-elles ? Prenez le temps de les accepter et ensuite pensez à des images, des pensées, des phrases positives.
Rappelez-vous :
« Quand le fruit est mûr, il tombe seul de l’arbre. »
POUR LE PAPA
Le bébé et la maman sont capables de ressentir tout ce que tout le monde pense tout bas mais n’exprime pas. Cela peut donc contribuer à la peur d’accoucher.
Et le papa, est-il prêt ? A-t-il également des peurs à libérer autour de la naissance ou de la paternité ? Quels messages envoie-t-il au bébé et à la femme ? Pourra-t-il se libérer facilement de son travail ?
Il est important d’avoir aussi un moment à cœur ouvert avec votre conjoint pour échanger et partager vos états d’esprit sur ce qui vous attend. Vous pouvez le faire sous forme de dialogue de couple. Chacun de votre côté, prenez le temps d’écrire dans une lettre d’amour à votre conjoint(e) ce que vous ressentez. Ensuite, fixez un temps de 15-20 minutes ensemble. Durant ce temps, lisez chacun votre lettre écrite par l’autre. Et faites-en un temps d’échange à deux.
POUR LE BÉBÉ
Lors d’une séance de préparation à la naissance avec mon énergéticienne, celle-ci m’explique que les bébés font également face à des émotions très fortes avant de naitre. Ils ont aussi leurs peurs (de naitre, de ne pas y arriver, de décevoir…). Leur incarnation sur la terre est de loin l’étape d’incarnation la plus difficile pour eux. Dans ces dernières semaines de grossesse, autant que leurs mamans, ils ont besoin d’être rassurés et cajolés (et non pas d’être mis sous pression de naitre à 40 semaines précises).
Parlez donc à votre bébé. Dites-lui des mots doux. Caressez-le. Rassurez-le. Dites-lui que vous êtes prête et que vous êtes là pour faire équipe ensemble. Dites-lui que vous l’aimez. Écrivez-lui une lettre d’amour.
Que pouvez-vous faire de plus pour inviter bébé à naitre ?
Durant le troisième trimestre de grossesse
Faites-vous du bien pour augmenter votre hormone de l’ocytocine et vos endorphines. Cela fera également fleurir les récepteurs à l’ocytocine sur votre utérus, nécessaires au travail de la naissance.
Faites l’amour avec votre partenaire. C’est toujours une histoire d’ocytocine et de bien-être. Cela va bien sûr aussi renforcer votre complicité de couple qui vous sera d’un grand soutien pour cette fin de grossesse et la naissance de bébé.
Préparez-vous jusqu’à un litre de thé aux feuilles de framboisier (un tonique utérin) et mangez des dattes, jusqu’à 6 par jour.
À partir de 39 semaines et surtout si vous avez dépassé le terme
Continuez à faire l’amour avec votre partenaire plusieurs fois sur 24h. Faites l’amour, non pas pour accoucher, mais avec beaucoup d’amour. Les prostaglandines du sperme aideront à ramollir le col. Et les orgasmes qui sécrètent énormément d’ocytocine déclencheront peut-être les contractions de l’utérus.
Continuez à manger des dattes et à boire du thé aux feuilles de framboisier.
Vous pouvez aussi stimuler certains points d’acupression avec de l’huile essentielle de sauge sclarée, connue pour soutenir les contractions. Attention, cette huile essentielle est à utiliser seulement après 39 semaines de grossesse.
Si vos mamelons ne sont pas trop sensibles, vous pouvez les stimuler en les massant doucement. Demandez à votre partenaire de vous aider. À nouveau, cela va augmenter le taux d’ocytocine et cela pourrait aider à la mise en route du travail.
Allez marcher en conscience tous les jours pour vous vider l’esprit, pour faire descendre bébé et stimuler vos endorphines. Si vous sentez des contractions, accroupissez-vous pour stimuler votre col. En effet, cette position accroupie pendant une contraction aide le col à s’ouvrir et à mettre le travail de la naissance en route.
Les fleurs de Bach peuvent être aussi d’une grande aide. Prenons l’exemple de la fleur d’impatience qui aide à faire face à cette impatience. Il y aussi les fleurs de la famille des peurs, comme la fleur Rock Rose qui aide à affronter certaines peurs paralysantes (d’accoucher par exemple) ou la fleur d’Aspen qui aide face aux peurs inconnues.
Conclusion
Prenez le temps de vous ouvrir : votre corps, votre cœur et votre esprit. Laissez aussi le temps à votre conjoint de s’ouvrir avec vous. Faites confiance à votre corps et à votre bébé. Eux seuls savent quel sera le moment venu de donner naissance. Tant que la maman et le bébé sont en bonne santé, il n’y a donc pas de limite de temps pour donner naissance.
Comme dirait mon amie Myriam :
« C’est un peu comme la rose du petit prince… Elle/Il finit tranquillement de défroisser ses pétales avant de se montrer au grand jour… Une petite merveille… »
ACCOMPAGNEMENT DE SOUTIEN A L’ALLAITEMENT
Que vous souhaitiez donner naissance à la maternité, en centre de naissance ou chez vous, je vous propose un accompagnement 100% en ligne pour comprendre la physiologie de l’allaitement pour un démarrage en douceur. 40 vidéos et 21 fiches pratiques à consulter à votre rythme pour accoucher et allaiter sereinement !
Sources
- Lewkowitz AK, Stout MJ, Tuuli MG, López JD, Macones GA, Cahill AG, Risk of Neonatal Neurologic Morbidity in Advancing Term Gestations.
- Mittendorf R et al., « The length of uncomplicated human gestation », Obstetrics and Gynecology, vol. 75, n°6, juin 1990, p. 907-932.
sonia :
Bonjour,
La lecture de votre article est bienfaisante. Maman de deux petites filles et à la veille d’accoucher j’ai du faire une visite et écho de contrôle à 40 semaines et je me vois imposer des monitos toutes les 48h alors que je suis suivi en maison de naissance! (logiquement moins médicalisée qu’ailleurs).
En Belgique on vous donne votre date de terme à 40 semaines ce qui induit tout le monde en erreur et pousse ensuite votre entourage à vous mettre un peu plus sous pression ” il veut rester au chaud ce petit…tu le couves déjà haha!…mais pourquoi il veut pas sortir?” quand ils prennent tous des nouvelles à tour de rôle et bien que ce soit bienveillant ca n’aide pas à se mettre dans sa bulle de bien être pour booster son ocytocine…
Mon médecin me disait hier (face à mon incompréhension et mon agacement du système) qu’à peine 50% des femmes accouchent à 39 ou avant! Alors pourquoi donner cette date en référence?! Pourquoi nous imposer cette empressement? Des dates d’induction, des dates butoir de prise en charge avant terme des 42 semaines?… L’élément de réponse qui revient le plus souvent avec les professionnels que j’ai interrogé et qui se sont livrés, c’est la responsabilité! Une simple question de protocole hospitalier destiné à limiter les risques de l’hôpital. Idem pour ma sage femme libérale qui est limité à 41 semaines et ma sage femme de maison de naissance qui a réussit à négocier à 41 s et demi le suivi de ses patients!
Contre toute attente pour ma première fille j’ai dépassé les 42 semaines (moins de 3% des cas); on a du batailler contre le corps médical qui est allé jusqu’à nous menacer, nous culpabiliser puis nous faire signer une décharge!
Si les assureurs continuent de tirer la couverture de leur côté les inductions (déclenchements) seront de plus en plus nombreux, mettant en péril la tranquillité d’esprit des parents, les naissances sereines et surtout naturelles.
En tant que psychomotricienne je prône forcément l’unité et l’harmonie du corps et de l’esprit. les conseils de votre article sont très avisé.
J’espère participer à l’information du vrai terme de grossesse pour libérer un peu les femmes de cette pression sous jacente et implicite issus de l’accentuation de la prise en soin les deux dernières semaines de grossesse .
Marie Winter :
Félicitations pour cette nouvelle aventure.
Je comprends vos craintes. Il est cependant difficile de faire le tour de la question en quelques mots.
Connaissez-vous la raison de cette hémorragie? Le placenta avait-il une particularité? Aviez-vous eu un travail long? Y a-t-il eu des événements émotionnels particuliers pendant la grossesse, etc…
Je vous conseillerais, avant toute démarche, de rencontrer une sage-femme extérieure à l’hôpital qui pourrait faire le point avec vous de toute la situation, en ayant votre dossier en main. Vous pourriez chercher ensemble d’éventuelles solutions. Par exemple, vous pourriez essayer de faire une partie du travail dans la salle nature et accoucher dans une chambre de naissance plus classique. Une sage-femme de votre région connaît les habitudes hospitalières et pourra mieux vous guider.
Faites-vous accompagner par quelqu’un en qui vous sentez que vous pouvez avoir confiance.
Bonne suite. Ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que cela va se reproduire.
Dominique Porret