Comment diminuer le risque d’hémorragie à l’accouchement ?
Beaucoup de futures mamans me disent avoir peur de mourir d’une hémorragie à l’accouchement.
«J’ai peur de mourir d’une hémorragie après l’accouchement comme toutes ces femmes à l’époque. »
« Les femmes se sont battues pour accoucher en sécurité à l’hôpital pour diminuer le risque d’hémorragie postpartum. »
Ah oui ? Vraiment ? Et bien, voilà encore une fois beaucoup de bien belles fausses croyances. Lisez donc ceci et écoutez ma vidéo.
Quelques définitions
C’est quoi l’hémorragie du postpartum ?
L’hémorragie du postpartum est un saignement excessif de plus de 500 ml de sang. Elle survient généralement dans les 2 heures qui suivent la naissance du bébé. Elle peut arriver jusque dans les 24 heures qui suivent l’accouchement. Contrairement à ce que l’on pense, seulement un très faible pourcentage de mamans sont réellement à risque et pourront bénéficier d’une surveillance particulière.
quelques chiffres
Une hémorragie de délivrance est, il faut le reconnaitre, une complication grave et mortelle. Mais elle ne représente que 2 décès sur les 10 femmes qui vont mourir pendant leur grossesse ou à l’accouchement et sur les 100 000 femmes qui survivront (1). Ces hémorragies du postpartum ne sont donc pas la cause la plus importante de décès des femmes enceintes ou à l’accouchement. Ces hémorragies du postpartum arrivent bien après les causes de décès à la suite des soins non optimaux prodigués par l’hôpital (5 décès pour 100 000) et des complications obstétricales (2,5 décès pour 100 000). (2)
Comment diminuer le risque d’hémorragie du postpartum ?
Diminuer le stress de la future mère
Le stress est un facteur qui augmente le risque d’hémorragie en général quelle que soit l’intervention médicale pratiquée. Il augmente l’adrénaline.
Dans le cas de l’accouchement, cette hormone s’oppose à l’ocytocine, hormone indispensable aux contractions de l’utérus pour expulser le bébé. L’ocytocine permet des contractions optimales sans vouloir pour autant dire plus douloureuses (bien au contraire). À la délivrance, il y aura une poussée de l’ocytocine. Cette poussée d’hormone permettra l’expulsion du placenta en entier. Ensuite, les contractions de l’utérus continueront pour que celui-ci se referme rapidement, diminuant ainsi le risque d’hémorragie. Les dernières contractions de l’utérus feront office de compression sur les artères sanguines qui auront servi aux échanges sanguins entre la mère et le bébé durant toute la grossesse.
Vous comprenez aisément que, si la mère est stressée, le rôle de l’ocytocine sera contrecarré par celui de l’adrénaline. Et les artères sanguines ne pourront être comprimées correctement, augmentant ainsi le risque d’hémorragie du postpartum.
Respecter le peau à peau directement à la naissance
Outre les nombreux effets positifs du premier peau à peau, celui-ci a pour effet de diminuer le risque d’hémorragie du postpartum. À la délivrance, le bébé sera posé directement sur le ventre de la maman, pendant 50 minutes au moins SANS interruption. Ce peau à peau va augmenter considérablement la concentration d’ocytocine sécrétée par la mère. Cette ocytocine qui, comme décrit ci-dessus, permettra les contractions de l’utérus pour comprimer ses artères sanguines, diminuant ainsi le risque d’hémorragie du postpartum. Dans cette optique, le peau à peau pourra (et devrait) être à refaire dans les prochains heures/jours qui suivront l’accouchement. Est-il vraiment important de connaitre le poids du bébé dans l’heure de sa naissance ??
Laissez faire la physiologie naturelle du déclenchement et de la naissance
Les actes médicaux pour déclencher et accélérer l’accouchement augmentent en fait ce risque d’hémorragie à l’accouchement. Déclencher un accouchement multiplie considérablement le risque d’avoir un accouchement médicalisé et donc d’utiliser de l’ocytocine de synthèse. Or l’utilisation d’ocytocine de synthèse à forte dose augmente jusqu’à 5 fois le risque d’hémorragie de la délivrance. (3) À force de forcer l’utérus à se contracter plus fort, celui-ci devient trop fatigué (atone) pour ces dernières contractions primordiales afin de comprimer les artères sanguines. Lorsque l’accouchement naturel est respecté (à l’hôpital ou à la maison), ces risques d’hémorragies sont nettement moindres que ce que l’on pourrait penser.
Enfin, sachez également qu’en cas d’hémorragie à l’accouchement, le médecin injectera après la délivrance du placenta, de l’ocytocine pour contracter l’utérus afin de fermer les vaisseaux sanguins. Cette injection d’ocytocine de synthèse sera d’autant plus efficace si la mère n’en a pas reçu durant le travail de la naissance.
Références
(1)Marie-Hélène Lahaye, Accouchement : les femmes méritent mieux, éditions Michalon, p. 76.
(2) INSERM, « Mortalité maternelle : diminution de la mortalité par hémorragie », novembre 2013 ; M. Philibert, F. Boisbras, M-H. Bouvier-Colle, « Épidémiologie de la mortalité maternelle en France, de 1996 à 2002 : fréquence, facteurs et causes », Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, n°50, 2006, p. 392-395.
(3) Jérémie Belghiti, Gilles Kayem, Corinne Dupon, René-Charles Rudigoz, Marie-Hélène Bouvier-Colle, Catherine Deneux-Tharaux, «Oxytocin during labour and risk of severe postpartum haemorrhage: a population-based, cohort-nested case-control study», BMJ Open, Reproductive medecine, obstretrics and gynaecology, 21 décembre 2011.
Jersey :
Merci pour votre superbe vidéo. J’ai moi-même fait une hémorragie à mes deux accouchements. et je suis toujours en vie pour témoigner. La 2ème a été bien mieux prise en charge car l’équipe médicale s’y attendait et j’ai choisi d’accoucher avec la même gynécologue. (1ère embolisation et 2ème “juste” une perfusion de Nalador). Bébé a été très vite au sein et l’hémorragie était bien plus petite. J’envisage une 3e grossesse avec un peu la trouille, j’avoue même si ma gyneco ne me contre indique pas. Vos chiffres sont rassurants.
Caroline de Ville :
Merci pour ton message. Je te souhaite une merveilleuse troisième grossesse
Ornella :
Bonjour moi aussi j’ai eu 2 hémorragie pour mes 2 bébés 500ml bb1 et bb2 1000ml un truc comme cela, j’envisage un 3 eme bébé mais j’ai peur mais mon Gynecologue me dit je peux faire un 3 eme vous en pensez quoi il y a des choses que je dois faire pendant la grossesse pour évite cela j’ai entendu prendre le fer le 3 eme trimestre merci beaucoup
Caroline de Ville :
Bonjour Ornella, je vous encourage à essayer de comprendre ce qu’il aurait pu se passer lors de vos 2 derniers accouchements. Je vous encourage à préparer une naissance la plus physiologique et respectée que possible pour que vos hormones naturelles le jour J puissent faire un maximum leur boulot.Il vous recommande aussi de travailler tant que possible votre confiance en vous de donner naissance sans complication et que votre gynécologue/sage ait confiance en vous … comme expliqué dans l’article. Je vous souhaite un beau cheminement Caroline
Caroline de Ville :
Je vous recommande également de vous faire accompagner et de préparer cette future naissance avec des personnes qui respecteront la physiologie de la naissance
Caroline de Ville :
Ma réponse arrive probablement tardivement mais la règle numéro est de respecter la physiologie de la naissance ++++ ce qui est souvent très difficilement à respecter en milieu hospitalier. Les gynécologues ne sont malheureusement plus formés à la physiologie. Et ce sont eux et le milieu hospitalier qui entrainent un bon nombre ces hémorragies de la délivrance. De tout coeur Caroline
Boixel Julie :
Bonjour,
C’est une maman en détresse qui vous écris. J’ai eu ma fille le 06/10/19, elle est restée 8mn en peau a peau puis une hémorragie a commencé. Le doute me reste sur cette hémorragie a savoir si elle venait de moi ou de la sage femme qui a été chercher le placenta au bout de ces 8mn. Une grosse hémorragie puisque presque 3 litres de sang, transféré aux soins intensifs,puis transfusion sanguine mais qui n’était pas obligatoire… Aujourd’hui je suis enceinte et ravie de l’être mais terrifiée par ce qui m’attend. Je n’ai jamais eu peur de l’accouchement et aujourd’hui encore pour moi c’est la chose la plus belle dans la vie d’une femme et de son bébé. Suite à ma première grossesse on m’interdit le plateau technique existant ici,on me refuse la salle nature,on m’oblige à l’injection d’occitocine,il semblerait même qu’ils m’obligent a la péridurale,donc allongée sur le dos et être juste spectatrice de ce moment et subir leurs gestes parce que je suis un cas a risque. Je suis dévastée,en colère,je veux me battre mais je ne sais comment faire. Quelqu’un peut-il m’aider ? Le papa a eu tellement peur qu’il refuse que j’accouche à la maison. Merci par avance. Julie
Isabelle Cote :
Bonjour Julie,
Félicitations pour cette nouvelle aventure.
Je comprends vos craintes. Il est cependant difficile de faire le tour de la question en quelques mots.
Connaissez-vous la raison de cette hémorragie? Le placenta avait-il une particularité? Aviez-vous eu un travail long? Y a-t-il eu des événements émotionnels particuliers pendant la grossesse, etc…
Je vous conseillerais, avant toute démarche, de rencontrer une sage-femme extérieure à l’hôpital qui pourrait faire le point avec vous de toute la situation, en ayant votre dossier en main. Vous pourriez chercher ensemble d’éventuelles solutions. Par exemple, vous pourriez essayer de faire une partie du travail dans la salle nature et accoucher dans une chambre de naissance plus classique. Une sage-femme de votre région connaît les habitudes hospitalières et pourra mieux vous guider.
Faites-vous accompagner par quelqu’un en qui vous sentez que vous pouvez avoir confiance.
Bonne suite. Ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que cela va se reproduire.
Hattabi :
Bonjour j’ai accouché d’un 4 eeme enfants par césarienne et j’ai fait l hemoragie j’ai perdu 1litre 100 j’ai eu le ballon de bakri je voudrais un 5 ème enfants 5 ème césarienne est ce que je peux et est ce que je referai encore l’hémorragie et me refaire le ballon de bakri merci
Isabelle Cote :
Bonjour et merci pour votre message et votre confiance. Le mieux est de consulter un professionnel qui prendra en compte tout votre historique et votre état de santé actuel. Je vous souhaite plein de bonheur 🙂